Étudier les « paroles » amérindiennes dans les textes de la Nouvelle-France : définir un style littéraire et construire un objet pour l’histoire politique

Conférence de Maxime Gohier
  Le 6 avril 2016, à midi.

La parole amérindienne a toujours suscité une grande fascination dans la société occidentale, tant chez les colonisateurs européens de l’époque moderne que chez les chercheurs universitaires contemporains. Les textes de la Nouvelle-France, notamment, accordent une place toute particulière à cette « parole », qui apparaît omniprésente aussi bien dans les écrits des missionnaires, dans les relations de voyage publiées aux XVIIe et XVIIIe siècles, que dans la correspondance des autorités coloniales. Ces documents regorgent de comptes rendus de discussions tenues par des orateurs indiens dans des contextes de conférences diplomatiques, mais aussi dans celui plus intime des échanges privés telles que les relations entre les missionnaires et leurs ouailles. Aujourd’hui, les chercheurs se captivent pour ces discours qui fournissent non seulement une foule d’informations factuelles concernant l’histoire des relations franco-amérindiennes et, plus largement, celle de l’Amérique du Nord coloniale, mais surtout une source privilégiée pour sonder la nature des sociétés autochtones de l’époque.

Or, l’omniprésence de la « parole » amérindienne dans les textes de la Nouvelle-France nous pousse à envisager celle-ci comme un style littéraire singulier, à la fois inscrit dans et constitutif de l’espace culturel et politique de la Nouvelle-France. La conférence présente un projet de recherche qui se met actuellement en branle au Département des Lettres et Humanités de l’UQAR afin de répertorier l’ensemble des discours autochtones rapportés dans les écrits de la Nouvelle-France. L’objectif est bien sûr de rendre accessibles un vaste corpus de sources aux chercheurs qui s’y intéressent, mais surtout de mettre en lumière les caractéristiques propres à ce corpus, tant du point de vue historique que littéraire, qui ont contribué à façonner ce style littéraire particulier.


Partager