Conférence | Surveiller et encadrer les femmes enceintes dans la France d’Ancien Régime
Surveiller et encadrer les femmes enceintes dans la France d’Ancien Régime
Résumé
Au XVIe siècle, l’État monarchique en France entama ce qui devint une vaste entreprise juridique pour contrôler les familles, en visant particulièrement le mariage et la filiation. Dans ce contexte, la grossesse et l’accouchement relevaient tout autant du domaine intime des familles que de la surveillance de l’État. L’Édit contre les femmes qui cèlent leur grossesse et accouchement, promulgué par Henri II en 1556, établit une surveillance des femmes célibataires enceintes. Mal conçue et mal appliquée, cette loi ouvrit la porte tant aux abus judiciaires qu’aux résistances féminines. Les tribunaux royaux pouvaient aussi s’appuyer sur le droit romain et la jurisprudence des cours souveraines pour soumettre les femmes enceintes à un encadrement légal avec l’aide des familles et parfois de la communauté. Des outils juridiques comme la curatelle au ventre et des qualifications pénales comme la supposition de part permettaient ainsi à l’État d’intervenir dans des situations qui échappaient à la surveillance des familles. En revanche, les femmes enceintes n’étaient pas passives et dépourvues de ressources face à cet encadrement légal qu’elles pouvaient détourner à leurs propres fins. Ces cas ont suscité l’intérêt des arrêtistes et des rédacteurs de causes célèbres, rejoignant un public lettré en pleine croissance.
Conférencière
Sylvie Perrier est professeure agrégée au Département d'histoire de l'Université d'Ottawa. Spécialiste de l'histoire de la France sous l'Ancien Régime (16e-18e siècles), ses domaines spécifiques de recherche sont l'histoire de la famille et du droit, l'histoire des femmes et du genre et celle des enjeux légaux de la reproduction.
Les conférences du Centre Joseph-Charles-Taché mettent en lumière les travaux de chercheurs établis et de jeunes chercheurs de tous horizons oeuvrant en études littéraires et en histoire.