Philippe Aubert de Gaspé, Mémoires
À la croisée des Mémoires aristocratiques d’Ancien Régime, des Confessions de Rousseau et des Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand, ce livre tient à la fois de l’autoportrait et du récit historique, l’auteur s’y faisant tantôt l’archiviste de la culture populaire, tantôt le chroniqueur de la vie intellectuelle et sociale des élites. Si sa prose alerte fait revivre ce monde disparu, ses souvenirs expriment surtout une expérience réfléchie du temps qui fuit, la conscience de ses ravages s’ouvrant sur une inquiétude fondamentale à l’égard de l’histoire. Marquée par ce même sentiment de l’éphémère et des destructions irréversibles, de la déculturation et des incertitudes de l’histoire, notre époque peut avec raison reconnaître Philippe Aubert de Gaspé, comme le faisait il y a déjà plus d’un siècle Hubert Larue, « le plus jeune de nos écrivain ».